Ghérasim Luca – La Fine del mondo (Poesie 1942-1991) – Joker edizioni
a cura di Alfredo Riponi
Traduzione di Alfredo Riponi, Rita R. Florit, Giacomo Cerrai
LE TANGAGE DE MA LANGUE
Des paroles douces
et dès le départ celées :
la conque du silence frôle celle des récifs…
d’où ce récit
Happé par l’aimant du non-sens
je parle à peu près ceci
pour dire précisément cela
Je suis hélas !
donc on me pense
(L’aveugle vise l’aigle
et tire sur un sourd)
C’est ainsi que je vis
ce que je vois
et que ma voix se voue
au moi qui s’éteint
Comme le « doux » dans le doute
suis-je le « son » de mes songes ?
A cette orgie de mots
et d’ascètes à l’écoute
mon Démon sonore agit
sur un monde qui se nie
se noie et se noue
au fond de ma gorge
Sorcier par ondes rythmes
hordes…
Pour le rite de la mort des mots
j’écris mes cris
mes rires pires que fous : faux
et mon éthique phonétique
je la jette comme un sort
sur le langage
En deçà de ceci
et au delà de cela
Hors hors de moi
Car être ailleurs
tiraille l’heure d’abord
et le mètre ensuite
leur arrêt est ici
mur du son
où l’on fusille un héros
infini
dont la houle cachée
jette un tissu de mots
– un infime drap de mort –
sur le nu d’une muette
couché comme un huit
dans les bras du zéro.
“Le tangage de ma langue” non fu mai preso in considerazione per una pubblicazione in una raccolta, ma se ne trova traccia scritta in un libretto per una trasmissione radiofonica del 1970 e per il film per la televisione realizzato da Raoul Sangla “Comment s’en sortir sans sortir”. “È come se la lingua intera si mettesse a rollare, a destra e a sinistra, e a beccheggiare, indietro avanti…” (G. Deleuze, Balbettò, in Critica e clinica, Raffaello Cortina, Milano 1996, p. 144).