Dépossédée de tout ce qui constituait, au temps des grands monopoles formels et thématiques, l’appareillage de ses signes immédiatement distinctifs (pour le dire vite, vers à pieds, système métrique, rime en triomphe), émancipée de toute transcendance, de toutes valeurs magiques et rituelles, la poésie (les œuvres, ou les « travaux », se réclamant – ou répugnant à le faire – plus ou moins de cette catégorie) a aussi perdu en route pas mal de sa superbe, de sa morgue et de son aura. Éclatée, plurielle, vivante (au sens le plus organique du terme), d’autant plus foisonnante qu’elle est en mutation perpétuelle, la poésie brouille ses propres codes, dilate ses définitions, continue de se mesurer à son propre flouté et se détermine en partie sûr ces constantes interrogations. Réputée à tort moribonde, difficile, marginale, déconnectée du réel, confusément fétichisée (France, terre des lettres !), encore trop souvent associée à un charmant…
View original post 185 altre parole