fragm

cette fin du monde de poche s’exprimait tout entière dans la syllabe fragm (Michel Leiris)

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NATHALIE SARRAUTE

Posted by alfredo riponi su novembre 7, 2011

SARRAUTE
TROPISMES

I

Ils semblaient sourdre de partout, éclos dans la tiédeur un peu moite de l’air, ils s’écoulaient doucement comme ils suintaient des murs, des arbres grillagés, des bancs, des trottoirs sales, des squares.
Ils s’étiraient en longues grappes sombres entre les façades mortes des maisons. De loin en loin, devant les devantures des magasins, ils formaient des noyaux plus compacts, immobiles, occasionnant quelques remous, comme de légers engorgements.
Une quiétude étrange, une sorte de satisfaction désespérée émanait d’eux. Ils regardaient attentivement les piles de linge de l’Exposition de Blanc, imitant habilement des montagnes de neige, ou bien une poupée dont les dents et les yeux, à intervalles réguliers, s’allumaient, s’éteignaient, s’allumaient, s’éteignaient, toujours à intervalles identiques, s’allumaient de nouveau et de nouveau s’éteignaient.
Ils regardaient longtemps, sans bouger, ils restaient là, offerts, devant les vitrines, ils reportaient toujours à l’intervalle suivant le moment de s’éloigner. Et les petits enfants tranquilles qui leur donnaient la main, fatigués de regarder, distraits, patiemment, auprès d’eux, attendaient.

Les Editions de Minuit, 1957

***

SARRAUTE
TROPISMI

 I

 Sembravano scaturire da tutte le parti, sbocciati nel tepore umido dell’aria, passavano dolcemente come venendo fuori dai muri, dagli alberi recintati, dalle panchine, dai marciapiedi sporchi, dai giardini pubblici.
Si distendevano in lunghi grappoli scuri tra le facciate morte delle case. Di quando in quando, davanti alle vetrine dei negozi, formavano gruppi più compatti, immobili, occasionando qualche vortice, come leggeri ingorghi.
Emanavano una strana quiete, una sorta di soddisfazione disperata. Guardavano attentamente le pile di biancheria dell’Esposizione del Bianco, che imitava abilmente le montagne di neve, o una bambola i cui denti e gli occhi, a intervalli regolari, si accendevano, si spegnevano, si accendevano, si spegnevano, sempre a intervalli identici, si accendevano di nuovo e si spegnevano di nuovo.
Guardavano a lungo, senza muoversi, restavano là, offerti, davanti alle vetrine, rimandavano sempre al prossimo intervallo il momento di allontanarsi. E i bambini piccoli tranquilli che tenevano per mano, stanchi di guardare, distratti, pazienti, vicino ad essi, aspettavano.
trad. Alfredo Riponi

***

Dans cette nouvelle édition, Nathalie Sarraute a retranché un chapitre de la première version, publiée par les Éditions Denoël en 1939, pour en ajouter six nouveaux.
« Les tropismes, a expliqué l’auteur ” ce sont des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir.. ” Vingt-quatre petits tableaux d’oscillations intérieures presque imperceptibles à travers clichés, lieux communs et banalités quotidiennes : vingt-quatre petits récits serrés, où il n’y a plus de trame alibi, plus de noms propres, plus de « personnages », mais seulement des “ elle ” et “ il ” , des “ ils ” et “ elles ”, qui échangent leur détresse ou leur vide au long de conversations innocemment cruelles ou savamment féroces. “ Tropismes contient les éléments dont, ensuite, Nathalie Sarraute tirera parti : textes très courts où une conscience jamais nommée, simple référence impersonnelle. s’ouvre ou se rétracte à l’occasion d’une excitation extérieure, recevant la coloration qui permet de l’entrevoir ».

Gaétan Picon

www.leseditionsdeminuit.com

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